vendredi 13 mars 2015

Gedalge et Les Voyageurs de l'Espérance de Georges Duhamel (6)

Gedalge et Les Voyageurs de « L’Espérance ». Récit de l’Age atomique de Georges Duhamel

C’est chez Gedalge que paraît en 1953 la 1ère édition du récit Les Voyageurs de « L’Espérance » de Georges Duhamel (Paris, 30 juin 1884 -Valmondois, 13 avril 1966). Médecin épris de littérature, romancier, académicien et chroniqueur interrogeant la modernité, Georges Duhamel avait publié chez l’éditeur Paul Hartmann Les Jumeaux de Vallangoujard (1931), un récit d’anticipation fondé sur la gémellité.    
L’ouvrage posait la question de savoir si les jumeaux Zani et Zano, élevés selon les principes de la science appliqués par le professeur Pipe, allaient échapper au modèle standard prôné par cet utopiste du bonheur imposé, au risque d’abandonner leur identité. D’ailleurs, l’ouvrage est réédité chez Gedalge dans les cartonnages utilisés souvent comme livres de prix.

Dans son nouveau livre Les Voyageurs de « L’Espérance », sous-titré Récit de l’Age atomique, composé spécialement pour la jeunesse et publié une première fois en 1953, Georges Duhamel a imaginé l’effroyable catastrophe déterminée par l'éclatement de tout un arsenal atomique, plusieurs bombes ayant explosé simultanément.
Cette catastrophe dont les effets n’ont pas été calculés et maîtrisés (on le devine plus aisément aujourd’hui et on le découvre surtout dans la dernière partie du roman) a des répercussions profondes et irrémédiables sur l’aspect du monde terrestre. Elle surprend la famille bourgeoise, cultivée et aisée des Fromond qui vivent dans un clan constitué de 5 adultes et de 5 enfants, ayant à leur service le jardinier Grégoire et son épouse Gervaise. A la fin d’un déjeuner, ses membres perçoivent des grondements bizarres dans les entrailles de la terre. Radio et téléphone ne fonctionnent plus et la route est coupée.         
Toute la famille Fromond qui se disposait à partir pour une croisière de vacances décide d’utiliser le bateau L’Espérance, à la fois à voile et à moteur, pour fuir cette terre où le niveau de l’eau commence à s’élever. Grands-parents, enfants, petits enfants et serviteurs (et même le chien Dick et le chat Kyoko) s'embarquent à temps sur le bateau familial. Les provisions, l’eau potable et Ils savent seulement que l’on devait expérimenter la bombe Z dans les déserts du Nolaska et pensent trouver leur salut sur les flots.


Partis vers l’inconnu puisqu’il n’y a plus de repère, ils vont errer, pendant des jours et des jours, sur les mers, bouleversées comme tout le reste de la planète. Ils croisent un iceberg et des ours blancs, une multitude de poissons morts, des cachalots et un monstre marin, des victimes noyées, des épaves et même des villes englouties  …
Ayant échappé à maints périls, ils finissent par arriver un jour, comme jadis Noé, sur une île sans plage formée par le sommet d'une montagne et qu’ils nomment Alicia. Ils vivent ainsi dans Fromondville, en s'efforçant de reconstruire une sorte de civilisation. Ils aménageant une baraque, un jardin, un parc pour les trois chèvres et les quatre chevreaux capturés. Le vieux Guillaume Fromond, savant et célibataire, décède dans l’île où il est enterré. Un avion de passage largue un paquet content une brochure les informant du malheur universel et le pitoyable état du monde après la catastrophe. Plutôt que de quitter l’île, les Fromond préfèrent rester sur leur île où ils pensent demeurer les maîtres de leur destinée.

Ce roman écrit par un académicien qui ne peut s’empêcher d’étaler sa culture à longueurs de pages  (l’étymologie du mot brouette n’a rien à faire ici) est d’une lecture parfois agaçante et les trop nombreuses digressions cassent le rythme du récit. On sait combien Georges Duhamel était en fait un homme du passé (ne décrivait-il pas le cinéma comme « un divertissement d'ilotes, un passe-temps d'illettrés, de créatures misérables, ahuries par leur besogne et leurs soucis » ?) mais sa dénonciation du péril nucléaire reste légitime.
Alors que Pierre Versins, dit dans son Encyclopédie de l’utopie, des voyages extraordinaires et de la science fiction dit que c’est un « rare exemple d’anticipation pessimiste pour enfants », Georges Duhamel assurait qu’il voulait  surtout « présenter à des êtres jeunes les problèmes du temps ». Or, la lecture du roman au XXIe siècle risque de faire apparaître un style bien désuet.



Les éditions Gedalge ont proposé plusieurs éditions du récit. Il y eut d’abord en 1953 l’ouvrage de la collection « Les Loisirs de la jeunesse ». La reliure souple est munie d’une jaquette mobile en couleurs et l’intérieur du livre est agrémenté à la fois d’illustrations en noir et blanc, d’un frontispice en couleurs et de 5 hors-texte en couleurs, l’artiste Jacques Roubille s’étant chargé de toutes les illustrations.
En 1958, dans la collection « Aurore » paraît ce même récit mais sous le titre Les Rescapés de « L’Espérance » Récit de l’Age atomique, illustré par Michel Dahin.
C’est en 1959 que paraît le cartonnage grand format (33 cm sur 26) sous le titre Les Voyageurs de L’Espérance, avec la fameuse couverture rouge et or, le 1er plat étant orné d’une illustration contrecollée tandis que l ’intérieur du livre reprend les illustrations et hors-texte de Jacques Roubille.
La collection « La Comète » adopte en 1960 les illustrations monochromes de Maurice Raffray pour cette nouvelle édition qui adoptera en couverture au moins deux versions des motifs décoratifs propres à la collection. En 1963, le bleu foncé, le bleu clair et l’orange se substituent au vert foncé, au vert clair et au jaune de l’édition de 1960.
Il existe d’autres tirages des diverses collections.     


       

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