mercredi 11 mars 2015

Gedalge et le roman Peau-de-Pêche de Gabriel Maurière (5)

Les Editions Gedalge et Peau-de-Pêche de Gabriel Maurière (Henri Legrand, 1873-1930) (5)

Pendant la Première Guerre Mondiale, un petit Parisien de neuf à dix ans, prénommé Charles ou plutôt Charlot, est confié à une prétendue « tante » malhonnête et brutale qui le pousse à mendier à la porte des églises pour qu’elle nourrisse ses quatre « mioches ». Un jour, une jeune mariée qui vient de lui donner une pièce d’argent perd par terre son porte-billets. L’enfant court, remet l’objet perdu à la dame et s’enfuit. Il remet sa pièce de vingt sous à sa tante, furieuse quand il lui raconte sa bonne action.
Charles revoit pourtant la bonne dame Madame Desflouves qui l’invite chez elle. Quand il apprend que sa tante est aussi allée chez elle, qu’elle a reçu vingt francs et lui a pourtant volé une montre, Charles s’enfuit et il est renversé par un autobus. Hospitalisé et rétabli, le petit Dupré ne retournera pas dans son faubourg miséreux.
Il apprend qu’il va partir à la campagne, dans le village de Charmont-sous-Barbuise, dans l’Aube, « à seize kilomètres de Troyes », chez des oncle et tante, de braves paysans qui vont le traiter comme leur propre fils. D’ailleurs, ils ont déjà un fils, Albert, parti pour la guerre dans les tranchées de Champagne et une fille, Lucie, qui ne manque pas de taquiner Charles.
Alors qu’il est bien vite émerveillé par les beautés de la campagne et surtout par les animaux de la ferme, en particulier le chien Tom aussitôt devenu son ami, l’âne et le cheval Pierrot, Charles doit s’adapter à sa nouvelle école très différente de celle de la rue Vitruve à Paris. Très vite, on le surnomme Peau-de-Pêche à cause de son teint pâle et délicat et de ses joues roses, ce qui n’offusque guère.



Petit à petit, il découvre et apprécie la vie de la ferme et la vie saine de la campagne. Quand ses compagnons de classe le sortent d’un bourbier où il risquait de se noyer, il s’en fait enfin des  amis mais celui qui lui est le plus cher, c’est le grand Alexis, surnommé La Ficelle. C’est lui qui l’initie à la vie sylvestre, à la pêche dans la Barbuise et même à la chasse. Sa scola rité terminée, au lieu de poursuivre ses études, Peau-de-Pêche choisit la terre, à la grande satisfaction de son oncle.
Mais la guerre vient brutalement frapper la famille d’accueil. Albert est gravement blessé. La tante et Charles se rendent à Châlons puis à Pogny où la guerre fait rage. Ils y découvrent qu’Albert est décédé et enterré et les parents désespérés vont reporter leur affection sur l’enfant adopté, âgé de 13 ans et demi lors de l’armistice de 1918.
Bien plus tard, Charles aura l’occasion de revoir à Paris Madame Desflouves, toujours désintéressée et protectrice, laquelle va jouer un rôle déterminant dans sa vie sentimentale et son avenir puisque c’est grâce à elle qu’il conservera l’amitié d’Alexis et épousera Lucie.          
         
  
Le roman Peau-de-Pêche, constitué de cinq parties, publié d’abord en 1927, puis en 1929 dans sa version définitive, va connaître de très nombreuses éditions chez Gedalge. On le rencontre d’abord dans la collection « Aurore » où il est encore présent dans une version reliée en 1956, à l’époque où l’éditeur a déjà vendu 200 000 exemplaires du récit.
Il adopte d’autant plus vite la forme d’un roman scolaire que Gabriel Maurière, d’abord instituteur, puis professeur, devient inspecteur de l’Enseignement primaire. Le récit prend  donc la forme d’un « Livre de lecture courante » pour le Cours moyen et supérieur. En 1930, il est illustré par Edmond Rocher et des notes en bas de pages explicitent de nombreux termes ou expressions. 
Le roman fait aussi partie des fameux livres de prix à couvertures rouges et des principales collections des éditions Gedalge. Après la Libération, en 1946, paraît sa deuxième édition illustrée par Raylambert. La solide reliure carmin, couverte d’une jaquette mobile illustrée en couleurs, cache un mauvais papier mais 4 hors-texte agrémentent cette édition. La 3e édition paraît en 1957 dans la collection « Les Loisirs de la jeunesse », avec un papier de qualité qui met en valeur les anciennes illustrations en noir et blanc de Raylambert ainsi que le frontispice et les hors-texte, cette fois au nombre de cinq.

La dernière édition de la maison Gedalge, paraît dans la collection « Comète » en 1960, avec des illustrations monochromes peu attrayantes de Anne Castille.             


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