vendredi 22 juillet 2011



Romain Simon (1916, Malzéville-2007, Salon-de-Provence), illustrateur chez divers éditeurs

Né le 5 janvier 1916 à Malzéville, dans la région nancéenne, le Lorrain est à la fois d’origine française par son père et russe par sa mère. Son père, Pol Simon, né à Commercy en 1880, était chef de travaux de mathématiques à la Faculté des sciences de Nancy et professeur à l’institut électrotechnique. Sa mère Elisabeth Gontcharov était la petite nièce d’Ivan Gontcharov, l’auteur d’Oblomov.
Quatre fils artistes, journalistes ou écrivains naissent de ce mariage: l’écrivain et journaliste Sacha, né en 1908 en Russie, l’acteur, romancier et chansonnier Louis, né en 1911 à Nancy, l’écrivain et traducteur Boris, né en 1913 à Malzéville, comme son frère Romain.
Pol Simon n’a pas le temps d’assurer l’éducation de ses enfants puisqu’il meurt en 1922, à l’âge de 42 ans et les enfants sont, dès cette date, adoptés par La Nation. Elisabeth Gontcharov (Smolensk, 1883-Nancy, 1947) élève seule ses enfants puisque sa mère Douchka, dépossédée de ses biens en Russie et venue en France, est tuée par un express sur le quai d’une gare, près de Nancy.
Romain Simon a fait partie d’un groupe créé par le père jésuite nancéen Brandicourt, connu pour ses spectacles de marionnettes mais après la guerre de 39-45. Elève du grand maître cartonnier et tapissier Jean Picart le Doux (1902-1982) et du peintre figuratif Maurice Mazo (1901-1989), très attaché à la perfection technique et formelle et à la représentation, Romain Simon apprend auprès d’eux son sens de la composition, son goût très sûr pour les couleurs tout en développant son sens naturel de la fantaisie et du bonheur de vivre.
On connaît sa participation, avec son frère Louis, à la troupe des Comédiens routiers transformés en acteurs accomplis par l’homme de théâtre et pionnier Léon Chancerel (1886-1965), disciple de Copeau. De 1929 à 1939, ces comédiens aguerris animent le Théâtre de l’enfance, théâtre itinérant populaire quand Radio-Luxembourg diffuse en 1937 les 27 épisodes des Aventures de Ludulu. Les éditions Bouasse Jeune publient dès 1936 des albums illustrés par trois dessinateurs dont Romain Simon, seul auteur et illustrateur de Ludulu Messager. Romain réalise aussi les décors de ce théâtre et sculpte des masques.
En 1938-39, il quitte l’équipe théâtrale pour le service militaire. Il est canonnier du 155e régiment d’artillerie à pied sur un important ouvrage d’artillerie de la ligne Maginot, le Simserhof, installé sur la commune de Sierstahl en Moselle. En utilisant de la poudre de peinture et de la colle, Romain Simon a le temps de réaliser une peinture murale représentant Blanche Neige et les sept nains d’après le dessin animé de Walt Disney. Cette peinture est toujours visible comme à l’origine dans le foyer-bar du soldat de l’ouvrage. Invaincus mais contraints de rendre les armes par l’état-major français, les militaires sont se rendent aux Allemands. Romain est fait prisonnier comme son conscrit lorrain Hubert Gignoux (1915-2008), ancien Comédien Routier lui aussi. Après les années de guerre et de captivité, Romain Simon aurait dessiné pour des journaux. Il s’est marié en 1943 à Florac, en Lozère.
Après la rencontre décisive avec Léon Chancerel, une deuxième personne va infléchir plus tard la carrière de Romain Simon. C’est Paul Faucher (1898-1967), alias Paul François, "Le Père Castor", inventeur de l’album moderne au début des années 30, très attaché à l’éducation moderne et rencontré vers 1947-1948. Ces contacts fructueux débouchent sur la publication, dès 1949, de plusieurs "Albums du Père Castor".
Au début des années 50, Romain Simon travaille d’abord et surtout pour les éditions Hachette. Il participe surtout aux collections "Albums roses", dès 1953 avec Les Fables imagées de La Fontaine et à la collection "Gentil coquelicot". Il y développe avec beaucoup d’humour et de fantaisie les histoires de l’âne Picotin, celles de Nénuphar le chimpanzé (de 1956 à 1960), du chien basset Mirabelle, bien avant les aventures du chien Ploum, parfois sur des textes d’Axelle Porm. On connaît bien ses mises en images des adaptations d’Odette Larrieu, dans "Idéal Bibliothèque", pour les Fables de La Fontaine et Le Roman de Renard.
Mais Romain Simon multiplie déjà ses participations chez plusieurs éditeurs fort différents.
On le rencontre aussi bien chez Mame (pour Les Trappeurs de l’Alaska de Gustave Aimard en 1953 et En panne sur Mars de J. Carey Rockwell, en 1955), chez G.P. et chez Gédalge. Sa participation aux éditions Bias est fournie : Les Contes du fraisier sauvage de Henri Pourrat, Fables de mon jardin de Georges Duhamel... Au cours des années 60 et 70 s’ajouteront en 1965, les illustrations des Contes de l’hiver et Contes de mon chalet de Paul-Jacques Bonzon, de La Rencontre de Poucet et Petit-Bec de Jaap Ter Harr et de Mon ami l’écureuil de Maurice Genevoix. Les éditions Bourrelier font appel à l’illustrateur pour deux rééditions de Charles Vildrac : L’Île rose en 1956 et La Colonie en 1957.
Il va longtemps illustrer les ouvrages de la conteuse et romancière Marcelle Vérité Avec Le Monde des plantes paru chez Hachette en 1957, débute un long compagnonnage créatif entre le Lorrain et la Béarnaise d’origine.
Au début des années 60, dans la série "Il était une fois …", l’illustrateur livre des images très documentées pour La Forêt et ses bêtes et Il était une fois...Une rivière. Il est davantage présent dans la série des "Animaux". Toujours au cours des années 60, Romain Simon participe aux collections "Les albums puzzles" et "Les albums merveilleux"
De la fin des années 60 à la fin des années 80, Marcelle Vérité et Romain Simon vont alimenter la collection "Premiers livres" de nombreux albums évoquant quelques animaux familiers mais surtout des animaux sauvages.
Il se charge aussi d’illustrer les Fables de La Fontaine, Croc-Blanc de Jack London, Le Livre de la jungle et Histoires comme ça de Rudyard Kipling (des ouvrages malheureusement abrégés, ce qui n’enlève rien à la qualité des illustrations).
Chez l’éditeur G.P., on retiendra surtout, au cours des années 70, ses illustrations pour une réédition d’Amadou le bouquillon (1973) de Charles Vildrac, pour quatre romans de la série "Suzy" de Gretha Stevns, dans la collection "Dauphine". La collaboration avec l’éditeur s’arrête après qu’il a illustré L’Etrange petit poney de Rumer Godden (1980).
Chez Delagrave, de 1961 à la fin des années 70, Romain Simon met en images des textes d’auteurs connus, voire "classiques", comme Histoires de bêtes et Nouvelles histoires de bêtes de Louis Pergaud. En 1967, quand paraît Ratapla, renard de Camargue, (avant Salicorne et Saladelle) (des textes de Marcelle Vérité), les images de Romain Simon accompagnent aussi Un roman de Renart et La Princesse, la biche et le chevalier de René Guillot. Du même auteur, il met en images Monsieur le cheval (1969) et, en 1969, une nouvelle édition de Sama, prince des éléphants.
De Pompon, le petit âne des tropiques au Cirque Zigoto, au moins cinq livres de lectures écrits par Paul-Jacques Bonzon sont agrémentés d’images gaies et colorées.
La participation de Romain Simon aux éditions Casterman s’effectue surtout de 1959 à 1968, certains ouvrages étant réédités plus tard. De Marcelle vérité, il illustre de courts récits comme Le Voyage des éléphants (1962). Pour la collection "Plaisir des contes", illustrée en couleurs et dirigée par Marcelle Vérité, il met en images Bras-de-fer (1959) d’Henri Bosco et quatre recueils de Louise Bellocq, de Contes de mes bêtes au vent (1962) à Contes de mes bêtes à l’aventure (1968).
Romain Simon, après une participation en 1958, retrouve les éditions Nathan, au cours des années 70 et 80, pour de nombreux "albums Coccinelle". Ces livres privilégient les jeunes animaux Aux animaux familiers ou domestiques : chat, chèvre, âne ou chien…, s’ajoutent des petits animaux plus rares, comme le fennec, la gazelle, le panda, le renne ou l’hippopotame... De 1971 à 1983, on compte plus de 25 albums animaliers illustrés par Romain Simon.
Signalons encore, outre sa présence aux éditions Bonne, de l’Amitié, du Bois-Joli, du Sorbier, du Pélican, EDDL…, l’association aux Deux coqs d’or, de textes de Brigitte Delpech et des images de Romain Simon, en 2000, pour des albums très joyeux.
Romain Simon a renouvelé son style, plus léger, plus souple mais toujours aussi tendre et malicieux. Retiré dans le Sud de la France, en Provence, au pays du renard Ratapla, du taureau Salicorne et du cheval Saladelle, au cours des années 1990, Romain Simon est décédé à l’âge de 91 ans à Salon-de-Provence, le 4 avril 2007 sans que le fait soit signalé par ses nombreux éditeurs.


Synthèse bio-bibliographique

Merci à ceux qui se serviraient des textes et des images concernant Romain Simon sur le blog Eclectisme de signaler en toute franchise que ces documents proviennent de ce blog.

Compléments bibliographiques (non exhaustifs) :

George Cory Franklin, Ill. Romain Simon : Au pays des cinq rivières « Bibliothèque de la jeunesse », Hachette
Marguerite Geestelink, Ill. Romain Simon : La Légende des sept fontaines « Coll. Frégate », Bonne Presse, années 50.
Roger Landy et Alain Miraumont, Ill. de Romain Simon : Opération Double Six « Sim Agent double », Rouge et Or, 1971 (deux couvertures différentes).
Romain Simon : L’Âne n’est pas content (conte) (12 p.], Ed. du Bois-Joli, 1980.
Jacqueline Buisson, Ill. R. Simon : La Clé des Champs 1ères lectures C.P. A. Colin, 1982.

Editions du Bois-joli
André Lefèvre : Le Chat noir et la mésange bleue, Ill. Romain Simon, « Gai rossignol », Ed. du Bois-Joli, 32 p., 1980.
André Lefèvre : Le Moulin de l’oncle Oscar, Ill. Romain Simon, « Gai rossignol », Ed. du Bois-Joli, 1980.

Editions EDDL
Nicolas Cauchy, Ill. Romain Simon : Poivre le petit âne Ed. L’amuse-Temps, « Petite histoire naturelle » EDDL, 1997.
Nicolas Cauchy, Ill. Romain Simon : Caramel le cocker Ed. L’amuse-Temps, « Petite histoire naturelle » EDDL, 1997.
Nicolas Cauchy, Ill. Romain Simon : Mamouchka l’ourse 21 p., Ed. L’amuse-Temps, « Petite histoire naturelle » EDDL, 1997.

Brigitte Delpech, ill. Romain Simon : Les Petits amis de la forêt “Histoires pour bien s’endormir”, Gautier-Languereau, 1997.
Brigitte Delpech, ill. Romain Simon : Alyette l’alouette Hachette, 1998.

Editions du Sorbier
Romain Simon : Des fleurs ! Editions du Sorbier, 1990.
Romain Simon : L’Ours a faim Ed. du Sorbier, 1990.
Romain Simon : La Boule de neige Ed. du Sorbier, 1990.
Romain Simon : On échange Ed. du Sorbier, 1990.

Editions du Pélican
Grimm, Ill. Romain Simon : Les Animaux musiciens série « Pirouette », Ed. du Pélican, 1988.
(1ère édition, édition BIAS, 1975).
Romain Simon : Le Grand chien série « Pirouette », Ed. du Pélican
Romain Simon : Marmotte-Confiture série « Pirouette », Ed. du Pélican
Romain Simon : Cache-Cache ! série « Pirouette », Ed. du Pélican

André Bonne
Aksakov, (Sergei Timofeevitch) traduit par Jean Chuzeville, ill. Romain Simon : Un enfant de l’Oural André Bonne, 1950, rééd. 1961. Coll. « France Club »
Arthur Hansin Eide : La Lampe de l’igloo André Bonne, Coll. « France Club »

Editions de l’amitié
François Balsan, Ill. Romain Simon : Yambo, enfant de la brousse « Bibliothèque de l’Amitié », série Nature, 1964

Bourrelier
Charles Vildrac : L’Île rose, illustrée en couleur par Romain Simon « L’Alouette », Bourrelier, 1956.
Charles Vildrac : La Colonie, illustrée en couleur par Romain Simon, « L’Alouette », Bourrelier, 1957

Mame
Gustave Aimard, Ill. Romain Simon : Les Trappeurs de l’Alaska, « Succès de la jeunesse », 236 p., Mame, 1953.
J. Carey Rockwell, Ill. Romain Simon, trad. Madeleine Chavanon : En panne sur Mars « Succès anticipation », Mame, 1955.

1 commentaire:

  1. merci pour votre biographie de Romain Simon : j'adore cet illustrateur qui a bercé mon enfance et qui m'accompagne encore aujourd'hui dans mes collections de bouquins !

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