mercredi 17 mars 2010

Maison de la Bonne Presse et Bayard-Presse : Presse juvénile III



De la Maison de la Bonne Presse à Bayard Presse
De L’Echo du « Noël » (1906) à J’aime la B.D. (2004)
Un siècle de presse juvénile catholique


III Bayard, un journal plus connu de 1956 à 1962 mais brutalement interrompu

L’hebdomadaire masculin Bayard renaît en décembre 1946. S’il a perdu son grand format, il bénéficie de la direction du père assomptionniste André Sève qui privilégie, dans un souci éducatif, plutôt le texte que l’image (même s’il se met souvent, avec talent, au service de l’image). « Les plus belles histoires de vaillance » paraissent dans la collection "Bayard". C'est un curieux mélange d'histoires illustrées avec texte récitatif sous l'image, comme dans l'étonnante histoire de guerre, troublante d'exactitude et intitulée : Evasions de G. Paillard, prépubliée dans Bayard, dès 1946. D'autres récits proposent les illustrations plus modernes de Loÿs dans Deux génies de la Renaissance : Michel-Ange et Léonard de Vinci, écrits par C. Marin, ou Les Grands As du sport.
Le Père Sève met la main à la pâte, utilise des pseudonymes et scénarise des bandes dessinées comme Faucon noir de Pierre Forget ou Le Chevalier inconnu de Loÿs Pétillot, excellent reporter en images dessinées. André Sève est Jean Quimper, pour Le Mystère de l'émir, illustré par Pierre Forget, une bande dessinée médiévale, mâtinée de fantastique, construite autour de l’emblématique Thierry de Royaumont. Aucun lecteur de l'époque n'a oublié les albums Le Secret de l'Emir, La Couronne d'épines, L'Ombre de Saïno ou Pour sauver Leïla (album Bayard en 1987 seulement). Jean Acquaviva (alias Antoine Graziani), est surtout le scénariste de la série western Bill Jourdan (1956-1961) illustrée par Loÿs Pétillot, depuis Le Carnet noir jusqu’au 5e épisode, Le Désert de la mort. Il marque d’autant plus l’époque qu’il est présent sous les pseudonymes de Jean-Simon Rutalais (La Clé d’Antar, 1956), de Pierre Mérou (Velthur le pacifique, 1958-1959) et de Saint-Alban pour une Histoire du cinéma et d’excellentes chroniques cinématographiques. Il faut rappeler que le cinéma a toujours été au centre des préoccupations de la Bonne Presse (ne serait-ce que pour le surveiller et lui imposer des « cotes morales », depuis la naissance de l’une des premières revues cinématographiques en 1903 : Le Fascinateur).
C’est aussi Acquiviva qui scénarise les B.D. Banda-Tanga (1953-1954) et Uranium (1954-1955, devenu en album, La Course à l’uranium), illustrées par Alain d’Orange. Il faut aussi le créditer de Hiawatha et des dialogues de Stop au signal rouge. Sous le nom de Rutalais, on lui doit encore Goéland rouge, Le Trésor du Kon-Tiki et Yvan des Valdaï (d’après R. Hédouin, dessiné par Loÿs Pétillot). Sous le pseudo de Mérou, bien avant Les Aventures de Procopio (1959-1962), il a scénarisé Les Sept samouraï de Kurosawa, magnifiquement mis en images par l’admirable Pierre Forget à qui l’on doit aussi les images de la série Mic et Mac (1957-1962).
Si l’on a pu oublier les dessins de Troc, de Gaston Jacquement, de Perrin-Houdon ou d’Arsène Brivot…, on ne peut passer sous silence ceux de Gervy (contant les errances de l'orphelin Paulo dans Le Totem du « Vieux-Cerf » en 1938 et auteur d’Alain au Far-West, republié pendant et après la guerre), de Pierre Joubert (Michou des gazelles, 1951), de Julio Ribera (Le Barrage, 1956 et surtout la série de science-fiction Tony Sextant, chevalier de l’espace, de 1957 à 1961), de Chakir (Le Disparu de l’île de Ré, 1961) et de Dino Attanasio, illustrateur de Bob Morane et l’oiseau de feu, d’après Henri Vernes..
Malheureusement, la politique des albums est quasiment nulle. On fait plutôt la promotion de albums de Pat’Apouf de Gervy (publié dans Le Pèlerin) et si mal que les livres seront soldés au kilo. La collection « Cinématiques » (un nom qui prête à confusion) ne verra naître que quelques titres. Il faut ajouter que l’on abuse parfois des convictions sincères des auteurs et illustrateurs pour leur demander beaucoup en les payant d’autant plus mal qu’aucun statut ne les défend.

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